6 mars 2016

L'intérêt de l'enfant de Ian Mc Ewan (Gallimard)



Quatrième de couverture : A l'âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate à la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort et les croyances religieuses de sa famille interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver. Avant de rendre son jugement, Fiona décide soudainement de se rendre à l'hôpital pour rencontrer Adam. Mais cette entrevue, au cours de laquelle elle découvre un jeune homme romantique, poète et musicien, la trouble. Désormais impliquée personnellement, la magistrate décide de tout faire pour sauver Adam. Seulement sa décision n'est pas sans conséquences et elle se retrouve unie au garçon par un lien étrange qui pourrait bien causer leur perte.
Dans ce court roman, Ian McEwan allie avec justesse la froideur de la justice à la poésie et à la musicalité qui imprègnent la vie des personnages. Dans un style limpide, il construit une de ces ambiances oppressantes dont il a la clé et fait preuve d'une complexité thématique impressionnante. A la lecture, les certitudes se dérobent : où s'arrête et où commence l'intérêt de l'enfant ?

J'ai reçu ce livre à Noël. Je l'avais ajouté à ma wish list suite à la lecture des premières pages dans un numéro du magazine Lire. 

J'ai vraiment apprécié cette lecture même si ce n'est pas un coup de coeur. 
Le sujet est très intéressant et très documenté (la vie d'un juge pour enfant britannique, son quotidien, les décisions qu'il doit prendre). Cependant, la force du livre est l'écriture et l'expression des sentiments, des ressentis, des hésitations de l'héroïne. Même si c'est un personnage très sérieux et froid, on s'attache immédiatement à elle. Ses doutes, son manque d'assurance parfois, sont très bien exprimés. Tout est vu par son ressenti, son regard. Elle s'attache au jeune Adam, on s'attache au jeune Adam. Elle déteste son mari infidèle, on le déteste. Elle pardonne à son mari et retombe amoureuse, on s'attache à lui...
On pressent la fin, tout comme l'héroïne mais on refuse de l'admettre ce qui fait qu'elle est tout même surprenante...

En négatif, je dirais que malgré le sujet ce n'est pas un texte fort et poignant sur "l'intérêt de l'enfant" mais, comme on le comprend au fil du livre, un roman sur un moment de la vie d'une femme. Ce n'est pas le livre auquel je m'attendais et cela m'a surprise. 

Bref, c'est un très beau roman, très bien écrit. 

Citation : "Fiona resta plantée là, le regard fixé, sans raison particulière, sur l'assiette de hors-d'oeuvre préparée par son mari, et par chance l'esprit vide. La musique qu'elle venait de jouer ne résonnait pas dans sa tête comme c'était le cas d'habitude. Elle avait oublié le concert. S'il était neurologiquement possible de ne pas penser, elle n'avait aucune pensée. Plusieurs minutes passèrent. Impossible de savoir combien. Un bruit la fit se retourner. Le feu agonisait et s'écroulait dans l'âtre."

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